L’état adore les statistiques. Tous les états en raffolent d’ailleurs. D’un côté, elles permettent de piloter les politiques publiques (a priori pour les définir, a posteriori pour les mesurer puis les ajuster). De l’autre, elles alimentent les discours politiques des gouvernants comme de leurs contradicteurs. Pour produire ces statistiques, l’état s’appuie sur des données, en partie publiques. Avec le lancement du portail www.data.gouv.fr, le gouvernement propose désormais quelques 350 000 données publiques en ligne sur des thèmes tels que le budget de l’état, l’environnement, la santé, la justice, les associations, la culture, etc.
Le portail du gouvernement s’en explique ainsi : « Faciliter l’accès et l’utilisation des informations publiques dans un souci de transparence, constitue une priorité de la politique de modernisation de l’Etat. La réutilisation de ces informations offre de larges opportunités à la communauté des développeurs et des entrepreneurs qui pourront les utiliser afin de proposer des services applicatifs innovants… ».
Cette volonté de transparence et de modernisation de l’état impose quelques réserves. D’abord, parce qu’à l’ère d’une soi-disant transparence, il faut se demander si l’important est ce que l’on voit ou… ce qui n’est pas donné à voir. La « transparence zéro » n’existe pas : elle cache toujours quelque chose. Ensuite, méfions nous des erreurs – intentionnelles ou non : les données demandent à être vérifiées, recoupées afin de s’approcher au plus près de la vérité. N’oublions pas également que la cybercriminalité fait des victimes, y compris au sein des états… Enfin, les chiffres ne veulent rien dire en soi, sortis de leur contexte. Trop souvent, ils sont utilisés comme effet d’annonce pour justifier un point de vue, une idéologie. En somme, si la démarche de l’état reste intéressante (ce portail va faciliter, en effet, la recherche d’informations et la veille pour les acteurs économiques), gardons l’esprit frais et vigilant pour estimer ces données à leur juste valeur !