Think tank : élections sous influence ?En une dizaine d’années, le paysage associatif français a vu naître deci delà des organisations privées, réunissant des experts en vue de faire émerger de nouvelles idées. Venus tout droit des Etats-Unis, où ce type d’organisation prolifère depuis la seconde Guerre Mondiale, les think tanks (littéralement « Réservoirs d’idées ») sont aujourd’hui environ 160 en France (190 en Allemagne, 300 au Royaume-Uni, 1500 aux Etats-Unis).

Associations, fondations ou groupe de réflexions, tous poursuivent un objectif commun : participer à la chose publique, sans pour autant intervenir politiquement ni chercher à prendre le pouvoir. Toutefois, à l’aube de cette nouvelle année 2012, et à l’approche des élections présidentielles et législatives (avec la possibilité – pour les français résidant hors de France – d’élire aussi leurs députés), la bataille des idées est lancée. Les cercles d’influence invités par les médias viendront proposer, débattre, échanger, défendre leurs approches. Mais à qui profite le crime ? Car, si le principe fondateur des think tanks est l’indépendance, comment peuvent ils la garantir lorsqu’ils sont sollicités par les partis politiques, d’autant plus quand ils sont créés par leurs représentants ?

Ces cercles de réflexion se sont constitués pour combler les carences des partis politiques en matière d’idées. Objectif atteint : ils nourrissent désormais leurs programmes, leur permettant de prendre en compte le pouls de la société civile dans leurs propositions. Liaisons sociales magazine (décembre 2011) souligne d’ailleurs que Barack Obama n’aurait peut-être pas été élu sans le soutien de deux d’entre eux : Le Brookings Institution et le Center for American Progress… Ne serait-ce pas finalement un simple moyen de séparer au sein des partis politiques l’organisation, des idées ?

En France, les exemples de think tanks « partisans » sont nombreux (à gauche Terra Nova, la Fondation Jean-Jaurès,… à droite l’Institut Montaigne, Fondapol). Et, si la fin justifie les moyens, la question du financement se pose dès lors que les entreprises privées peuvent délibérément apporter leur soutien financier, et parfois même recevoir en contrepartie des avantages fiscaux. Entre indépendance et influence, entre société civile et entreprises, la frontière est ténue.

Pour en savoir plus sur les « Réservoirs d’Idées »,  rien de tel qu’une visite sur le site de l’Observatoire des Think-Tanks !

Source : Liaisons Sociales, Décembre 2011