C’est justement parce qu’il n’existe par une seule mais bien deux politiques publiques d’intelligence économique (une pour les entreprises, une autre d’Etat) qu’il convient d’évoquer la réforme des renseignements souhaitée par le Président de la République depuis 2007.

Dans un essai intitulé « Réformer les services de renseignement français » publié par la Fondation Jean-Jaurès, Jean-Jacques Urvoas et Floran Vadillo tentent de dresser le bilan critique de cette politique et de proposer une nouvelle architecture du renseignement autour de trois axes : la coordination, le contrôle et l’organisation des services.

Toutefois, si l’intelligence économique se pratique dans un cadre légal, la politique publique d’IE d’Etat doit, pour accompagner les acteurs privés, tenir compte des méthodes déployées par d’autres états, notamment en matière d’affrontements informationnels sur des marchés définis comme stratégiques pour le développement de la France. Si l’interception d’informations semble bien intégrée au dispositif des services de renseignement, la guerre de l’information, elle, ne semble pas avoir été intégrée; pas de façon suffisante à la lecture du rapport. Une différence de taille sur un plan stratégique entre le fait de neutraliser une action (posture défensive) et celle de mener une campagne informationnelle au service de ses intérêts (posture offensive). Par ailleurs, le renseignement économique ne serait pas une priorité de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Or, pour redéployer les activités économiques du pays, il est impératif que l’Etat soit en mesure d’offrir aux entreprises la possibilité de se placer à la meilleure position possible pour conquérir des parts de marché, en particulier dans les appels d’offre.

La frontière entre les deux politiques publiques d’Intelligence Economique est ténue, mais pour que celle proposée aux entreprises soit efficace, il serait souhaitable qu’elle s’intègre dans une approche systémique de la position de la France dans la compétition internationale.